jeudi 28 juillet 2011

Les propos xénophobes se banalisent sur internet

Près de 8 000 signalements dénonçant des propos racistes et/ou xénophobes ont été transmis en 2010 à la plate-forme spécialisée de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Une hausse de 10 % par rapport à 2009, qui est à mettre sur le compte d'un climat social tendu et d'une banalisation de ces propos.


L'Office en charge de la cybercriminalité de la police judiciaire a reçu en 2010 "près de 8 000 signalements sur notre plate-forme de signalement des contenus illicites de l'Internet, internet-signalement.gouv.fr, accessible à toute personne ", indique la commissaire principale Adeline Champagnat, qui dirige la section. Si "la majorité d'entre eux (57%) concernent des escroqueries et 25% sont liés à la pédopornographie, précise la commissaire, 10% de ces signalements rapportent des contenus racistes et/ou xénophobes, alors qu'ils représentaient 4% de l'ensemble en 2009".

Ultra-droite
Manifestation de néo-nazis aux Etats-Unis @DrPat
Un chiffre que Pierre Fourmel, le directeur général de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), tient à nuancer. Selon lui, "il faudrait plutôt parler d'une augmentation de 74% des propos racistes et xénophobes sur les blogs et les sites par rapport à 2010."

Les explications de cette recrudescence du discours raciste et xénophobe sur la toile est à chercher du côté du "climat social tendu qui cristallise les tensions sociales et revêtant un aspect identitaire."

Auparavant, le racisme et la xénophobie se cantonnaient essentiellement aux thèmes de l'ultra-droite. Aujourd'hui, ces propos tendent à se banaliser. Et le discours "décomplexé des politiques n'aide pas", rajoute Pierre Fourmel. "Les écrits antisémites ou xénophobes n'étaient que peu diffusés et restaient cantonnés à quelques librairies. Internet offre une tribune beaucoup plus importante à ces gens-là."

Bien que la majorité des commentaires racistes ne s'accompagnent pas d'appel au meurtre, leur signalement entraîne toujours des investigations policières. Cette surveillance reste pourtant difficile. Comme l'explique Pierre Fourmel " la plupart des sites sont hébergés à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, et ne tombent pas sous le coup de la législation française. Il est donc très difficile de les traquer ".


@Dr Pat


Pas de profils types
Assiste-t-on à une augmentation des propos xénophobes et racistes sur internet ou les internautes sont-ils simplement plus enclins à signaler ces dérives ? "Les deux, confie le directeur général de la Licra. On ne peut que se réjouir que beaucoup d'internautes soient choqués de ces propos. De plus en plus nous avertissent. D'un autre côté, Internet offre une tribune de choix pour ceux qui veulent diffuser des messages à caractère racistes."

Il est difficile d'établir un profil type de l'auteur des messages racistes sur internet. Il peut s'agir de "quelques nostalgiques de Pétain ou d'Hitler. En général, ils sont peu nombreux. Derrière un site, il n'y a que trois ou quatre personnes mais qui, grâce à ce support, touchent toujours plus de monde."

Pour les traquer, les policiers font "une copie d'écran à titre de preuve", avant d'établir "la qualification juridique" des faits, explique la responsable de l'Office en charge de la cybercriminalité. Ensuite, "nous faisons des recherches en sources ouvertes", en menant l'enquête sur le terrain, en recherchant par exemple, quelqu'un dont les propos racistes sous-entendent un passage à l'acte violent, qui serait "à la recherche d'une arme".

P. H.

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