mardi 26 juillet 2011

Affaire DSK : l'accusation joue-t-elle sa dernière carte ?

Après avoir cherché à échapper aux regards pendant plus de deux mois, Nafissatou Diallo a décidé de prendre l'opinion à témoin. Celle qui accuse Dominique Strauss-Kahn de l'avoir violée semble jouer son dernier atout.

C’est la première fois qu’on la voit et qu’on entend sa voix. Dimanche, Nafissatou Diallo, qui fuit les médias depuis plus de deux mois, est passée à l'offensive. La victime présumée a livré au magazine américain Newsweek sa version de l’agression qu’elle dit avoir subie à New York. Lundi, son témoignage a également été diffusé par l’émission phare "Good Morning America" de la chaîne ABC.

Offensive

"Je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir, où on ne peut pas utiliser son argent", a confié la jeune femme guinéenne sobrement vêtue d'un chemisier blanc, d'un gilet saumon et d'un pantalon noir. Une offensive qui vise à maintenir la pression sur les services du procureur, Cyrus Vance Jr, une semaine avant l’audience du 1er août. Depuis les révélation de la dernière audience, de nombreux doutes planent sur les fondements des charges qui pèsent sur l'ancien directeur du FMI.


Ces deux interviews n'apportent, sur le fond, pas grand-chose. Nafissatou Diallo continue d'affirmer que DSK l'a agressée sexuellement dans la suite 2806 du Sofitel de New York le 14 mai. Sa version des faits n'a pas changée. Les réponses de Nafissatou Diallo sur son passé sont restées "vagues", mais son récit se fait très précis au moment d’aborder l’incident présumé du Sofitel.
Elle y raconte qu'en entrant dans la suite, elle a dit : "Bonjour, service de chambre". Un "homme nu aux cheveux blancs" est apparu. Il lui a semblé "fou". Alors qu'elle s'excusait et voulait quitter la chambre, DSK lui aurait dit : "Vous n'avez pas à être désolée".

'On me traite de prostituée'

L'ex-patron du FMI aurait alors agrippé sa poitrine et claqué la porte. La femme de ménage raconte comment il aurait ensuite attrapé son entre-jambe et l'aurait forcée à faire une fellation. Elle dit : "Nous sommes pauvres, mais nous sommes bons. Je ne pense pas à l'argent."

Sur la forme, ces entretiens font apparaître une femme visiblement atteinte par cette affaire, parfois en pleurs lorsqu'elle raconte sa version des faits.
"A cause de lui, on me traite de prostituée", a déclaré cette femme qui depuis le 14 mai s'était cachée avec sa fille de 15 ans dans un hôtel tenu secret. Selon le magazine Newsweek, "de temps en temps, Diallo pleurait en parlant" pendant l'interview et "à certains moments, les larmes paraissaient forcées". 

Dans Newsweek, elle pose pour le photographe l'air inquiet, un peu perdu. C'est que  Diallo veut donner l'image d'une femme musulmane pieuse, travailleuse, trahie par les puissants. 

S'ils ne contestent pas l'origine modeste de Nafissatou Diallo, les avocats de DSK tentent d'attirer l'attention sur des aspects qu'ils jugent bien moins reluisants de la personnalité de la victime présumée de leur client. Ils critiquent également la méthode de l'accusation. Selon eux, en s'exprimant publiquement une semaine jour pour jour avant la prochaine audience de Dominique Strauss-Kahn à Manhattan, Nafissatou Diallo cherche à "enflammer l'opinion. Mme Diallo est la première accusatrice dans l’histoire à conduire une campagne médiatique pour convaincre de maintenir les charges contre une personne dont elle veut obtenir de l’argent. […]", ont tonné William Taylor et Benjamin Brafman, les deux défenseurs américains de DSK.

Ph.H.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire