La première marque péruvienne présente sur la scène internationale poursuit sa "success story". Ethique et équitable, Misericordia a déjà collaboré avec de nombreux designers du moment. Après le lancement de sa boutique en ligne en 2008 et de sa première boutique à Lima, la marque projette d'ouvrir la prochaine à Paris.
Le Pigeon Libéré s'est rendu dans ses ateliers de Lima, au Pérou.
L'atelier est calme, les quarante employés sont à leur poste et nous saluent discrètement lorsque nous entrons. Deux coupeurs étendent des pans de tissus sur la table et mesurent les patrons à la règle, les couturiers accordent leurs machines qui entament une mélodie sourde et entêtante, un désordre organisé s'articule entre bobines de fil, chutes de tissus et rouleaux multicolores.
Tous semblent absorbés par ce concert matinal et méthodique. Nous suivons Arnaud à l'étage, où les patronniers produisent la première étape de ce long cheminement avec "leurs mains, leur esprit et leur cœur", selon la devise de la marque. Tous les vêtement passent par cet atelier de coupe et de couture dont Arnaud, un français, a pris le pilotage depuis deux mois.
"Nous sommes seulement trois à gérer l'entreprise. Aurélyen, le fondateur et directeur artistique passe la moitié de l'année à Paris, l'autre ici à Lima. Nous étions tous étudiants en art ou en publicité, il a fallu apprendre à s'organiser très vite", confie timidement Arnaud.
L'idée est née en 2002, quand Aurélyen et Mathieu, deux français, ont décidé de réaliser une collection de vestes inspirées des uniformes d'un collège de Zallapal, un petit village des bidonvilles de Lima. "C'est avec cette veste que tout a commencé, ensuite nous avons changé le logo de l'institut, la typo, et choisi un slogan à l'image de Misericordia, mélange de création et d'engagement social."
La marque ne semble pas déroger à cet engagement solidaire. Dans l'atelier nous ne croisons que des locaux, et tous ont le sourire. Arnaud nous explique : "La première philosophie reste d'aider le Pérou. Tous nos employés sont des péruviens issus des quartiers populaires et les tissus sont produits ici. Nous essayons également de n'utiliser que des matières écologiques. Les textiles locaux et le savoir-faire de nos employés ont largement contribué à notre réussite."
Mikaela, une employée de l'atelier, vient nous présenter les dernières créations. Elle travaille depuis cinq ans pour l'atelier et nous détaille chaque pièce avec précision : "Ce qui est différent ici, c'est que chaque employé peut se consacrer à un vêtement du début à la fin de sa production, ce n'est pas un travail répétitif comme à l'usine, nous avons le sentiment d'être de vrais créateurs. Et puis nous sommes formés, accompagnés, nous progressons et nous restons!"
Toute cette petite équipe autonome et solidaire pourrait bien s'agrandir rapidement ces prochaines années. En effet, après une collaboration avec des artistes et designers comme Kris Van Assche, Bernhard Willhelm, Lutz, ou encore Matali Crasset et la naissance d'une boutique en ligne et d'un site web aux images fortes et esthétiques, Misericordia ne cesse de se développer et d'agrandir son équipe de Lima.
Pour le moment, on ne trouve que très peu de points de vente sur Paris, seules quelques ventes privées permettent de se procurer les dernières créations. "Nous avons de plus en plus de demandes. Même si on nous retrouve un peu partout dans le monde grâce à des 'concept stores', nous n'avons pas encore nos propres boutiques, excepté à Lima. Mais la prochaine étape sera l'ouverture d'une boutique à Paris et, je l'espère, d'autres partout dans le monde", nous glisse Arnaud avant de retourner à ses piles de vêtements et ses cartons.
M.C.
M.C.
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