Huit autres sangliers ont été retrouvés morts à Morieux dans les Côtes-d'Armor, sur une plage fermée au public pour cause de marée verte, le 24 juillet. Ces découvertes, font suite à deux cas similaires, au début du mois. Elles relancent l’inquiétude face à la forte toxicité des algues vertes et à leur prolifération.
Les deux marcassins retrouvés morts début juillet ont été victimes d’un « étouffement dû à une présence de vase dans les voies aériennes supérieures », selon la préfecture des Côtes-d’Armor. Cette hypothèse écartait tout lien entre la mort des animaux et le gaz dégagé par les algues vertes en putréfaction, présentes sur la plage. La découverte, dimanche, de huit autres sangliers morts sur la même plage remet en doute cette version. Ces cadavres s’ajoutent à la mort d’un ouvrier chargé du ramassage des algues, décédé en 2009 d’un infarctus, et de deux chiens ainsi que d’un cheval, morts d’une embolie pulmonaire.
Yves-Marie Le Lay, le président de l'association Sauvegarde du Tregor, explique à l'AFP que « la putréfaction des algues vertes produit de la vase hautement toxique qui se mélange au sable ». André Ollivro, le président de l'association Sauvegarde du Penthièvre, poursuit: « Quand les animaux furètent, ils respirent les gaz émanant de la décomposition des algues vertes ».
Chargée du dossier depuis février 2010, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) explique, dans un rapport rendu le 7 juillet, que le phénomène des algues vertes est dû à l’utilisation massive et régulière d’azote par les agriculteurs de la région, qui se déversent dans les cours d’eau lors du lessivage des terres agricoles. Une fois échouées, les algues entraînent des dégagements importants de gaz toxiques lors de leur putréfaction, notamment du sulfure d'hydrogène.
Menace
Ce phénomène touche la Bretagne et ses régions limitrophes depuis trente ans. Il est à l'origine de nuisances olfactives et de troubles sanitaires pour les promeneurs et les riverains. Mais les algues vertes sont perçues aujourd'hui comme une véritable menace. Pour régler le problème, les algues font l'objet de ramassages, avant d'être traitées. Ces étapes nécessitent des travailleurs qui s’exposent aux différents gaz et à de lourdes conséquences sur leur santé.
Dans son rapport l'Anses recommande d'effectuer le traitement des algues au maximum quarante-huit heures après leur échouage sur les plages, avant la formation des poches de gaz toxiques. Elle recommande un ramassage mécanique et, pour le personnel, le port d'un détecteur individuel et des masques respiratoires. Elle met aussi en garde les vacanciers peu habitués à ce phénomène et conseille d’éviter les plages où se déposent massivement les algues.
Michel Guillemot, président de l'association Haltes aux Marées vertes, « ne veut pas attendre un accident dramatique ». Il réclame l'intervention de l'armée pour nettoyer les plages souillées. Il pointe aussi du doigt la politique du gouvernement, qui se concentre sur le ramassage des algues plutôt que sur la prévention.
Maxime Boutevin
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