Le 21 juillet, en Géorgie et pour la première fois, l’exécution d’un détenu avec un anesthésiant pour animaux a été filmée, afin de dénoncer ses souffrances. Une pratique devenue systématique, alors que le produit létal couramment utilisé est en rupture de stock aux États-Unis depuis décembre 2010.
Il aura fallu deux longues minutes. 120 secondes pendant lesquelles, sous l’œil d’une caméra, il a selon des témoins cligné des yeux et avalé sa salive, avant de fermer les paupières et de ne plus bouger.
La mort d’Andrew Grant De Young, 37 ans, a été prononcée le 21 juillet à 20h04 locales (4 heures du matin en France). L’administration pénitentiaire de Géorgie avait tenté, en vain, de s’opposer à l’enregistrement pour des raisons de sécurité.
La vidéo - mise sous scellée par la justice- avait été demandée par les avocats d’un autre détenu, Gregory Walker, afin de dénoncer le recours à une nouvelle drogue dans la procédure d’injections mortelles.
Rupture de stock
L’injection létale - inscrite dans le Code Pénal de 24 états des États-Unis - est composée de trois produits : un anesthésiant pour endormir le condamné, un relaxant musculaire pour le paralyser et un autre qui provoque l’arrêt cardiaque.
En novembre 2010, Jeffrey Landrigan, un Amérindien de 50 ans, doit être exécuté en Arizona. Problème : le sodium thiopental, la première drogue, est en rupture de stock aux États-Unis. Paniquées, les autorités ont donc été cherché des doses ailleurs et se sont finalement fournies au Royaume-Uni, créant ainsi la polémique. " La firme italienne Hospira, avait fait cesser la production à destination des États-Unis, explique Didier Baudet, responsable de la commission "Peine de mort" à Amnesty International. En cause, un règlement européen interdisant d’exporter des produits qui peuvent être utilisés pour les condamnés à mort."Certaines exécutions ont alors été reportées, mais dans un pays où le débat sur la peine de mort est ultra-sensible, des états ont décidé de poursuivre les exécutions, comme dans le cas de Jeffrey Landrigan.
La production de sodium thiopental devait reprendre au premier trimestre 2011, mais cela n’a pas été le cas. Les États-Unis se sont alors tournés vers le pentobarbital, un produit officiellement utilisé par les vétérinaires pour euthanasier les animaux, mais moins puissant que le sodium thiopental.
Seulement, le laboratoire suédois Lunbeck, refuse désormais que son produit soit utilisé dans les condamnations à mort. Sauf que les États américains ont déjà fait leurs stocks. Depuis le début de l’année 2011, 21 détenus ont été exécutés avec le pentobarbital, dont trois l’ont reçu en dose unique, sans les deux autres drogues.
Torture
Les avocats d’Andrew Grant de Young espèrent prouver que le recours au pentobarbital s’apparente à la torture. Le 8ème amendement de la Constitution américaine prohibe en effet les punitions "excessives, cruelles ou inhabituelles."
En 1992, après que la mort d’un condamné à la chambre à gaz ait été filmée en Californie, l’état avait aboli cette pratique au profit de l’injection létale. Alors, dans le cas de Young, peut-on aller jusqu’à espérer une remise en cause de la validation de l’injection létale par la Cour Suprême ? « Encore faut-il que les images soient probantes, c’est quitte ou double pour les avocats, tempère Didier Baudet. Et, si elles le sont, la décision ne sera valable qu’en Géorgie. »
D’autant que selon le Centre d’informations sur la peine de mort, une organisation non gouvernementale américaine, les anesthésiants ne sont pas dosés en fonction des condamnés.
Conséquences ? Douleurs atroces, convulsions et morts très lentes par asphyxie
En 2009, le cas de Romell Broom, un détenu de l’Ohio a relancé le débat. Cet afro-américain de 53 ans a survécu à 2h30 de souffrances pendants lesquelles l’équipe chargée de l’exécuter a cherché une veine où lui injecter le produit mortel. " Même sans le pentobarbital, il n’y a pas de méthode d’exécution propre, rappelle Raphaël Chenuil-Hazan, directeur de l’association française Ensemble contre la peine de mort. Cela n’existe pas. On ne tue pas proprement, on tue toujours. "
Andrew Grant de Young, condamné à mort en 1993 pour le meurtre de ses parents et de sa jeune sœur de 14 ans, est le 29ème détenu exécuté aux États-Unis depuis le début de l’année.
J.S.
©Flickr Dana Gonzales |
La mort d’Andrew Grant De Young, 37 ans, a été prononcée le 21 juillet à 20h04 locales (4 heures du matin en France). L’administration pénitentiaire de Géorgie avait tenté, en vain, de s’opposer à l’enregistrement pour des raisons de sécurité.
La vidéo - mise sous scellée par la justice- avait été demandée par les avocats d’un autre détenu, Gregory Walker, afin de dénoncer le recours à une nouvelle drogue dans la procédure d’injections mortelles.
Rupture de stock
L’injection létale - inscrite dans le Code Pénal de 24 états des États-Unis - est composée de trois produits : un anesthésiant pour endormir le condamné, un relaxant musculaire pour le paralyser et un autre qui provoque l’arrêt cardiaque.
En novembre 2010, Jeffrey Landrigan, un Amérindien de 50 ans, doit être exécuté en Arizona. Problème : le sodium thiopental, la première drogue, est en rupture de stock aux États-Unis. Paniquées, les autorités ont donc été cherché des doses ailleurs et se sont finalement fournies au Royaume-Uni, créant ainsi la polémique. " La firme italienne Hospira, avait fait cesser la production à destination des États-Unis, explique Didier Baudet, responsable de la commission "Peine de mort" à Amnesty International. En cause, un règlement européen interdisant d’exporter des produits qui peuvent être utilisés pour les condamnés à mort."Certaines exécutions ont alors été reportées, mais dans un pays où le débat sur la peine de mort est ultra-sensible, des états ont décidé de poursuivre les exécutions, comme dans le cas de Jeffrey Landrigan.
La production de sodium thiopental devait reprendre au premier trimestre 2011, mais cela n’a pas été le cas. Les États-Unis se sont alors tournés vers le pentobarbital, un produit officiellement utilisé par les vétérinaires pour euthanasier les animaux, mais moins puissant que le sodium thiopental.
Un flacon de Pentobarbital ©Flickr Fre |
Torture
Les avocats d’Andrew Grant de Young espèrent prouver que le recours au pentobarbital s’apparente à la torture. Le 8ème amendement de la Constitution américaine prohibe en effet les punitions "excessives, cruelles ou inhabituelles."
En 1992, après que la mort d’un condamné à la chambre à gaz ait été filmée en Californie, l’état avait aboli cette pratique au profit de l’injection létale. Alors, dans le cas de Young, peut-on aller jusqu’à espérer une remise en cause de la validation de l’injection létale par la Cour Suprême ? « Encore faut-il que les images soient probantes, c’est quitte ou double pour les avocats, tempère Didier Baudet. Et, si elles le sont, la décision ne sera valable qu’en Géorgie. »
D’autant que selon le Centre d’informations sur la peine de mort, une organisation non gouvernementale américaine, les anesthésiants ne sont pas dosés en fonction des condamnés.
Conséquences ? Douleurs atroces, convulsions et morts très lentes par asphyxie
En 2009, le cas de Romell Broom, un détenu de l’Ohio a relancé le débat. Cet afro-américain de 53 ans a survécu à 2h30 de souffrances pendants lesquelles l’équipe chargée de l’exécuter a cherché une veine où lui injecter le produit mortel. " Même sans le pentobarbital, il n’y a pas de méthode d’exécution propre, rappelle Raphaël Chenuil-Hazan, directeur de l’association française Ensemble contre la peine de mort. Cela n’existe pas. On ne tue pas proprement, on tue toujours. "
Andrew Grant de Young, condamné à mort en 1993 pour le meurtre de ses parents et de sa jeune sœur de 14 ans, est le 29ème détenu exécuté aux États-Unis depuis le début de l’année.
J.S.
Cet article déchire même si je n'ai jamais fait vu d'exécution en vrééé
RépondreSupprimerc clair
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