Républicains et démocrates ne s'accordent pas sur le rehaussement de la dette américaine. Si aucune décision n'est prise d'ici le 2 août, les Etats-Unis se trouveront en défaut de paiement. Explications sur cette crise avec Jean Toulet, économiste, ancien professeur à l'Institut d'étude politique de Paris.
Quelle est la situation économique actuelle des États-Unis ? La situation du pays est inquiétante. Trop peu d'argent rentre dans les caisses de l'État. Sa croissance est très faible - à peine 1,7 % d'augmentation cette année - et sa dette atteint 97,5 % de son produit intérieur brut (PIB).
Comment expliquer une telle situation ?
L'administration Bush a laissé le pays dans un triste état économique : engagement dans des conflits très coûteux, banques qui ont prêté sans s'assurer de la solvabilité des emprunteurs (subprimes), chômage important... Mais d'autres facteurs doivent être pris en compte depuis l'arrivée d'Obama au pouvoir. Des plans sociaux ont engendré des dépenses importantes et on assiste à un vieillissement de la population, qui plombe l'activité économique. Pour finir, les plans de redressement économique mis en place n'ont pas obtenu les résultats attendus.
Quels sont les risques de cette dette pour le pays ?
Quand un Etat contracte une telle dette il se trouve dans l'impossibilité d'emprunter suffisamment pour payer ses fonctionnaires, faire tourner son administration, payer ses créanciers et les intérêts de sa dette. C'est un défaut de paiement. Les Etats-Unis doivent donc trouver une solution. Sans quoi, le risque est de paralyser leur économie, de créer une crise social d'ampleur. Ils risquent de voir leur note dégradée de AAA à AA+ par les agences de notations.
Quelles seraient les conséquences d'une dégradation de leur "note" sur l'économie mondiale ?
Le poids des États-Unis sur l'économie internationale est capital. On l'a vu avec la crise des subprimes et ses répercussions sur le système mondial. Une crise débutée aux États-Unis se répercutera forcément très rapidement sur les autres États. Comme l'a affirmé le Fond monétaire international, un défaut de paiement provoquerait un "choc grave".
Un choc grave, c'est-à-dire ?
Vu la place qu’occupe le dollar dans l’économie mondiale, une baisse massive de sa valeur provoquerait des crises importantes sur le marché des matières premières et sur celui des changes. Les bourses plongeraient et avec toute l’économie mondiale. Mais ils peuvent aussi mettre en place un protectionnisme ou une hausse des prix, fermer des entreprises délocalisées et refuser d'investir dans d'autres États. Les banques américaines stockeront alors du liquide et ne prêteront plus... Il existe une multitude de scénarios possibles.
Vu la place qu’occupe le dollar dans l’économie mondiale, une baisse massive de sa valeur provoquerait des crises importantes sur le marché des matières premières et sur celui des changes. Les bourses plongeraient et avec toute l’économie mondiale. Mais ils peuvent aussi mettre en place un protectionnisme ou une hausse des prix, fermer des entreprises délocalisées et refuser d'investir dans d'autres États. Les banques américaines stockeront alors du liquide et ne prêteront plus... Il existe une multitude de scénarios possibles.
Comment les États-Unis peuvent-ils endiguer cette crise ?
Si le plafond de la dette n'est pas rehaussé, l'État devra alors réduire ses dépenses de 40% ou augmenter ses revenus considérablement. Pour cela il existe quatre possibilités. La première, diminuer les dépenses au maximum grâce à un plan de rigueur. La deuxième, augmenter les recettes afin d'engranger plus de revenus. La troisième consiste à jouer avec ces deux leviers. Le but est de faire assez d'économies pour pouvoir faire fonctionner le pays tout en remboursant la dette et ses intérêts. S'ils ne peuvent payer, ils devront inéluctablement se tourner vers la quatrième solution, trouver un prêteur, comme les banques, les fonds monétaires publics ou privés, ou les États. Mais ils s'endetteront plus encore. C'est un cercle vicieux, comme dans le cas de la Grèce.
Propos recueillis par Maxime.B.
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